Partage ton errance

Le portefeuille

                                                

                                               Le portefeuille.

 

 

C'est en revenant du bois que Léa s'était aperçue qu'elle avait perdu son portefeuille. Elle avait donc décidé  d'y retourner .mais quand elle avait fait part de cette perte à Thierry, il avait tenu absolument à l'accompagner, ce qu'elle appréciait  car  la nuit n'allait pas tarder à tomber.

 

Bien sûr, elle ne lui avait pas dit dans quelles circonstances elle avait égaré ce portefeuille : il est des vérités qu'il ne vaut mieux pas révéler, surtout à son mari. Elle avait juste prétexté un vague arrêt auprès de la fontaine, au retour de son travail, dans le but  de se rafraîchir  un peu, après ces longues minutes passées dans la chaleur de la voiture, au milieu des embouteillages.

 

Elle savait qu'elle  ne possédait  pas beaucoup d'argent dans son portefeuille, juste  un billet ou deux, mais elle y entreposait aussi ses papiers et  ce qui la contrariait c'était de devoir refaire  son permis de conduire et  sa carte d'identité … Et quoi encore ? Elle tentait de se remémorer le contenu de ce portefeuille  tout en  fouillant du regard les hautes bruyères, tandis que Thierry à ses cotés entreprenait de se glisser sous un petit bosquet…quand soudain elle s'arrêta, interdite !

 

Grands Dieux ! Elle venait de se souvenir !

 

 Elle avait aussi glissé la photo de Jérôme dedans, juste sur le dessus ! C'était impossible de ne pas la voir dés qu'on l'ouvrirait !

Comment n'y avait elle pas songé, quand elle avait accepté l'aide de son mari ! Toute préoccupée par l'ennui qui résulterait de l'absence de ses papiers, cela ne lui était pas venu à l'esprit !

Et que pouvait elle faire à présent ? Dire à Thierry que ce n'était pas grave, qu'il fallait abandonner les recherches, qu'elle reviendrait seule le lendemain ? Elle jeta un coup d'œil de son coté.

Il scrutait très attentivement chaque touffe d'herbe, soulevait les pierres qui s'éparpillaient ça et là, plongeait au plus profond des hautes fougères, allait même jusqu'à se glisser dans la broussaille  épaisse où les chevreuils aiment à se réfugier. Une telle attention de sa part était presque étonnante, lui qui ne savait jamais retrouver ses propres affaires… Elle frémit : ce serait lui qui  allait le retrouver ce maudit portefeuille ! Elle le sentait ! Et, ce qu'elle souhaitait, il y avait quelques minutes, l'effarait à présent !

 

 Qu'allait – elle pouvoir lui dire ?

 

Comment pourrait elle justifier la présence de la photo du  collègue de travail de son mari,  soigneusement glissée sous le rabat de plastique ? Encore s'il se fût agi d'un étranger, peut être eût elle pu endormir la méfiance de Thierry, en lui disant qu'elle avait trouvé cette photo par terre…mais là ! Il ne pouvait ne pas reconnaître celui avec qui il passait la moitie de sa vie ! Son esprit tentait  d'échafauder mille plans de secours, mais n'en trouvait  aucun !  Et elle n'osait même pas dire à Thierry d'arrêter ses fouilles, tant ce dernier prenait l'affaire à cœur !

Il était à présent entré plus avant dans le sous bois et entreprenait de gratter au pied des sapins là où la mousse recouvre le sol ….

En voyant avec quelle sollicitude, il tentait de lui venir en aide, de lui éviter toutes ces démarches fastidieuses qu'il lui faudrait entreprendre si le portefeuille restait dans la forêt,  Léa eut le cœur troublé : Thierry était beaucoup plus gentil qu'elle ne le pensait…

 

Soudain il lui apparaissait avec une aura qu'elle ne lui connaissait pas jusque là…Etait ce parce qu'elle savait qu'elle allait le perdre, qu'elle ne voyait  plus que ses qualités ? Oui il n'avait aucun tort à son égard, c'était un homme un peu renfermé mais toujours si attentif, un peu rêveur mais ne rêvait il pas à elle ? Comment avait elle pu ne pas le voir qu'il était, au fond, bien moins égoïste que ce Jérôme qui ne se souciait  pas de ce qu'il advenait d'elle, une fois leurs ébats terminés ! Ah comme elle s'en voulait d'avoir mis leur couple en péril…Car c'était sûr Thierry allait mettre la main sur cette compromettante  photo !

 

A moins que…

Que voyait-elle là qui dépassait d'un pied de bruyère ?

 

Son cœur battit plus fort. Où se trouvait Thierry ? Il était masqué par un chêne, seules ses bottes jaunes lui apparaissaient… Vite… elle avait le temps de retirer la photo…Elle tendit la main vers ce morceau de cuir …

 

Il lui parut plus grand que d'habitude et vaguement marron alors que le sien était noir  mais ce n'était pas le moment  de se poser des questions et son séjour dans la terre l'avait sûrement terni…La photo, vite…Elle l'ouvrit à toute vitesse…

 

Son amie Sophie lui souriait insolemment, aux bras de son mari…

 

@clorinda.

 



07/10/2010
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