La Falaise
La falaise
La falaise était trop haute, trop haute pour qu’elle pût la gravir seule, c’est peut être pour cela qu’elle a eu besoin de lui. Pour l’aider, rien que pour l’aider…
Que sait on de la vie quand on est au printemps et que vos ailes n’ont pas encore volé ?
Que sait-on d’une pente un peu trop raide qui cache, au bord de son ravin abrupte, des coquelicots semés parmi les herbes folles ?
Il est venu sans se faire prier, parce qu’ils s’étaient déjà croisés au détour de leurs mots, au détour de leurs furtifs serrements de mains, de cœur.
Il l’a même peut être précédée car son pas était plus ferme que le sien, même si son âge n’était encore qu’aux giboulées d’avril, encore qu’au temps des peut être.
La pente était légère au départ, accessible à tous les rêves, aisée comme tous les commencements. Ce n’est que lorsque la sente quitterait la prairie qu’il leur faudrait lutter contre le vent, contre eux-mêmes.
Quand le sable est devenu roc, quand les ronces ont repoussé les fleurs, alors il l’a prise par la main. Ils ont continué sans dire un mot, le temps n’était plus à la parole.
Le sommet s’est dessiné enfin comme un havre au bord de l’infini.
Alors il s’est arrêté.
Il n’y avait plus derrière lui que le ciel…et quelques mouettes ivres de liberté. Juste au dessus de l’à pic, et la mer qu’ils ne voyaient plus scandait la falaise de ses pleurs.
Peuvent –ils s’en souvenir ?
Le vent s’est engouffré dans sa robe légère, le vent fou de juillet, celui qui ignore toute retenue et vous enlace sans que vous le sachiez, sans que vous le vouliez, à un autre corps jeune et ferme, un corps encore inconnu.
Il a refermé ses bras sur elle. Son souffle tiède l’a parcourue au bord de leur attente. Ses lèvres étaient brûlantes comme une promesse, douces comme une offrande, ses lèvres au goût de sel et de menthe…ses lèvres de jeune fauve affamé.
Ils sont tombés dans l’herbe courte et drue et les genêts se sont écartés en alcôve bruissante et parfumée.
Le ciel les a couvert de sa chape de nuée.
@clorinda.