Partage ton errance

La dernière page...

La dernière page.

 

C'était un jeudi soir…Oui je me souviens que c'était un jeudi, car j'étais toujours seule ce soir là, un de ces jeudis de Décembre où la nuit s'empare de vous, avant même que le jour ne se soit envolé…Il est arrivé, comme ça, par la porte de derrière, celle qui ouvre sur les prés… Je n'ai pas eu peur quand sa silhouette noire s'est  détachée des  ombres grises des sapins, quand il a mis sa main gantée sur la clenche de la porte, d'un geste si naturel que l'on eût pu croire qu'il rentrait chez lui…

Peut être croyait il qu'il rentrait chez lui ?

Il est resté un instant, immobile, sur le seuil, à contre jour, et je ne pouvais voir ses yeux.

 Ses yeux qui me regardaient…

 

C'est quand j'ai allumé la petite lampe posée sur l'étagère que j'en ai découvert l'étonnante luminosité.

 Vaste océan aux ombres mouvantes.

Oui je savais  que ses yeux avait les reflets de la mer …Il ne me l'avait pas dit, mais je le savais…Je savais aussi que je pourrais m'y noyer, s'il venait un jour…

 

Et il était là.

 

Il n'avait pas besoin de dire son nom, ce nom que je n'avais vu qu'écrit, dont je ne connaissais que les lettres, dont je savais pas l'étonnante sonorité…Il n'avait pas besoin de parler.

 

Et il ne parla pas.

 

Il s'assit tout naturellement sur le canapé et retira juste son feutre de lustrine noire.

Alors je me suis assise à mon tour sur le petit pouf de velours face à lui.

A-t-il souri ? Je ne me souviens plus ?

 Tout était si irréel, si fugitif…Seule la pendule battait comme un pouls trop fiévreux au cœur de la pièce silencieuse.

 

Nous n'avions pas besoin des mots, nous nous étions tout révélé, durant ces longues nuits d'hiver, durant ces courts soleils de juin si fous et si violents que l'on croit que nos âmes se sont embrasées.

Nous nous étions tout écrit…

Les mots étaient vains. Je respirai de son souffle, il vivait en mon regard.

Combien de temps cela a-t-il duré ? Je ne le sais pas…

A l'aurore,  il était reparti…

 

C'est à ce moment là que tu es revenu et  que tu m'as trouvée endormie sur le canapé.

 

La dernière page de mon manuscrit gisait sur le sol.

 

@clorinda

 

 



07/01/2011
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