La belle et la bête...
La belle et la bête.
Une belle qu'aucun amant
N'avait onc osé courtiser,
Tant sage et prude elle se montrait,
Se dit qu'il était pour elle temps
De se trouver un beau parti
Avant que beauté ne s'enfuît.
Et un matin, après matines,
Chez sa tante Jeanne se rendit
Pour que conseil elle lui fournit,
Car sur la gente masculine
Notre belle, fort ignorante,
Voulait l'avis de sa parente.
Elle frappa. Las l'huis était clos !
Elle ne vit sa tante céans.
Soudain la pluie tomba à flot
Toute effarée la pauvre enfant
S'inquiéta : « Que vais-je faire ? »
Il me faut trouver un couvert.
Dans son infortune elle pensa
S'abriter dans la grange voisine
De Maître Aubin, le fils d'Aline,
Car ce dernier n'était point là.
Sur la paille elle mit sa mantille
Et se sécha la pauvre fille.
Soudain sa mantille bougea
Elle ondulait tout de son long
Sur une bête à quatre bras
Qui s'agitait comme un démon.
«Grands dieux » dit effarée la belle,
C'est le Malin ! Et de fuir l'oiselle !
Chez son père fila sous la pluie
Heureuse d'avoir pu échapper
A de si effarantes diableries !
Mais lorsque vint la Chandeleur
A la noce elle se rendit bien
Mais comme demoiselle d'honneur
De tante Jeanne et maître Aubin.
@clorinda.