L'oubli
L’oubli
Si tu reviens de par les morts,
Desnos, poète assassiné,
Tes mots porteront-ils encor
Le chant de ceux que l’on a tués ?
Quand le vent passe sur la mer
De l’homme il efface la trace,
Et dans la brume au loin se perd
Le bateau sombre qui s’efface.
Si tu reviens de par les morts
Toi mon grand père sans tombeau,
Ne croiras tu pas qu’on a tort
De se faire tuer pour un drapeau ?
Sur une terre d’indifférence
Il a rêvé le grand Hugo,
Ils sont bien rares ceux qui pensent
Qu’un soldat tué est un héros.
Si tu reviens de par les morts,
Toi mon père, de ton charnier,
Ne crois-tu pas avoir payé
La Liberté un prix trop fort ?
L’Histoire tache de son sang
Les pages blanches de nos livres,
Face au message qu’elle délivre
Le cœur se ferme trop souvent.
@Clorinda le 10 septembre 2005