Partage ton errance

Elle s'est envolée mais elle n'est pas partie

Elle s’est envolée mais elle n’est pas partie.

 

Elle a fermé la page du livre de sa vie, la dernière page sans savoir que sa fille y ajouterait d’autres chapitres.

Et elle s’est envolée.

Où est-elle à présent ?  Nous savons tant de choses, nous les hommes depuis que nous nous sommes mis debout,  et nous ignorons pourtant tout.

Nous ne pouvons que chercher dans le vent l’hypothétique destin qui nous attend.

 

Les pages de ta vie, écrites en noir et blanc, semées de tant d’écueils,  je vais les mettre en couleur et dire à la mer de ne plus se briser en ton cœur.

J’efface tes larmes et je sème tes  sourires. Je cherche dans le passé mon avenir.

Laisse ta robe noire, je te vêts de bleu, Maman. Tu as mis ton col de dentelle car c’est dimanche aujourd’hui. Ce sera toujours dimanche à présent. Et le jour et la nuit.

 

Nous allons par le chemin celui de la rivière, celui qui est bordé de tant de lumière.

 J’ai quatre ans et ta main, dans la mienne, est tiède et douce. Vois, déjà les blanches marguerites poussent.

« Il ne faut pas  cueillir les fleurs car elles meurent » .Mais je ne le sais pas encore. Je les cueille et les mêle aux boutons d’or.

J’y ajoute le coquelicot, celui de l’amour éclatant  si fragile en ses pétales graciles.

Laissons le bleuet de côté, laissons-le aux soldats de vingt ans qui dorment dans des champs.

Tu as tressé mes fleurs en croissant de lune et tu les poses sur mes boucles brunes.

Tu me trouve belle, Maman, et je le suis car j’ai quatre ans.

 

Nous  gravissons la colline, moi devant,  toi derrière, le temps passe à l’éphémère.

J’ai quarante ans et ta route est plus amère.

Vois tes petits enfants sont déjà grands, sauf la dernière, celle que je porte encore, en mon corps.

Elle sera ton soleil, ta petite Merveille, celle qui nous gardera au printemps, tous,  malgré le Temps.

Tu lui cueilleras des pâquerettes  que tu glisseras sous ses barrettes et je te dirai « il ne faut pas cueillir les fleurs, car elles meurent »

 Mais tu l’auras oublié, pour les donner à ce nouveau bébé.

 

Nous descendons vers l’estuaire, celui où se rejoignent  nos deux rivières.

Vois, comme les deux courants se peuvent unir,  plus rien ne les partage, pas même l’âge.

Tu as posé ton bras sous le mien, et tes pas sont incertains.

 Mais même si tes cheveux sont blancs,  tu es toujours belle, Maman.

 

Elle s’est envolée mais, je vous le dis : elle n’est pas partie.

                                  

                                                  @clorinda 

 



05/04/2013
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